En 2024, près de 500 000 personnes vivent en colocation en France selon l’Observatoire de la colocation de LocService. Ce mode d’hébergement n’attire plus uniquement les étudiants, mais séduit aussi de jeunes actifs et de plus en plus de familles monoparentales. Le marché s’est structuré, dynamisé par la tension locative dans les grandes villes : à Paris, Lyon ou Bordeaux, la colocation permet d’obtenir une rentabilité brute jusqu’à 7-8% contre 4-5% sur une location classique (SeLoger, 2023).
Face à un tel essor, il n’est plus possible de se contenter d’improviser la gestion de son bien. Le choix du type de bail adapté est une étape incontournable pour limiter les risques, attirer des profils solvables et sécuriser les revenus locatifs. Deux solutions principales existent :
Chacune comporte des implications juridiques et fiscales précises. Les connaître évite des déconvenues, tant au niveau de la gestion qu’au niveau des obligations envers les colocataires.
Le bail unique consiste à signer un seul contrat de location, qui regroupe l’ensemble des colocataires. Le plus souvent, chaque colocataire est désigné individuellement dans le bail et signe avec l’ensemble des autres.
Un appartement de 70m² à Nantes, loué 1 200€/mois à 3 étudiants, rapporte au propriétaire une rentabilité brute de 7%. Si l’un part, les autres sont responsables des 1 200€ jusqu’à ce que le bail soit mis à jour. C’est une grosse garantie pour le propriétaire, mais aussi, parfois, un frein pour certains locataires réticents à la solidarité.
Chaque chambre fait l’objet d’un contrat de location distinct, signé entre le bailleur et chaque colocataire. Les parties communes (cuisine, séjour, sanitaires) sont généralement mentionnées en « locaux accessibles à l’ensemble des occupants ».
Dans une colocation à Toulouse composée de 4 chambres, chaque colocataire signe son propre contrat à 430€/mois. Si l’un part, il n’y a aucune conséquence pour les autres. Le propriétaire refait le bail de la chambre vacante, mais continue de percevoir les autres loyers.
Depuis la loi Alur, le cadre législatif s’est considérablement renforcé. Le bail de colocation, qu’il soit unique ou individuel, doit impérativement respecter la loi du 6 juillet 1989 (locations vides) ou le régime des meublés (loi du 6 juillet 1989 modifiée). Côté fiscal, le type de bail influe sur l’application des impôts fonciers, des charges récupérables et surtout, sur la qualification de la location meublée ou nue (source : ANIL).
Le type de bail choisi impacte :
Bon à savoir : pour éviter les risques de requalification, limitez les « services » annexes (ménage régulier, fourniture de linge…). La simple fourniture d’une box Internet ou de meubles ne bascule pas le bien dans la para-hôtellerie.
| Critère | Bail Unique | Baux Individuels |
|---|---|---|
| Sécurité des loyers | +++ (solidarité, clause de garantie) | + (par chambre, pas de sécurité globale) |
| Gestion administrative | Simple | Plus lourde (plusieurs baux / charges à répartir) |
| Turn-over | Moins souple (avenant, collectif à gérer) | Très souple (chambre indépendante) |
| Mise en location | Groupée (faible vacance si le groupe est stable) | Risque de vacance ponctuelle sur les chambres |
| Fiscalité | Classique | Vérifier risques de TVA/para-hôtellerie |
| Relations aux aides sociales | Apl possible en colocation, généralement partagées | APL perçue individuellement, plus attractive pour les étudiants |
Le type de bail à privilégier dépend fondamentalement de votre appétence au risque, du profil de vos colocataires et de vos objectifs patrimoniaux. Pour maximiser la sécurité et la simplicité de gestion, le bail unique domine encore sur la plupart des marchés, notamment dans les zones tendues. Il limite les impayés et assure une gestion quotidienne fluide.
Toutefois, pour augmenter le taux d’occupation dans un contexte de forte rotation, ou pour répondre à un public varié (étudiants internationaux, jeunes actifs aux ressources inégales…), le bail individuel offre une grande souplesse et séduit parfois davantage. Il permet également aux familles monoparentales ou aux seniors regroupés de disposer d’une plus grande autonomie.
Avant de trancher, il reste donc déterminant d’évaluer la demande locative de votre secteur, le turnover attendu, votre disponibilité à gérer l’administratif, et d’échanger avec des confrères bailleurs ou des agences spécialisées en colocation. Choisir la bonne forme de bail, c’est souvent le premier gage d’un investissement rentable… et durable !
Pour aller plus loin, consultez les ressources officielles de la ANIL, le guide de la FNAIM, et les analyses de SeLoger pour optimiser au mieux votre stratégie de mise en location.