Comprendre la nature de chaque type de location

La location immobilière, sous toutes ses formes, reste une valeur sûre en France. Parmi les stratégies courantes, la location saisonnière (type Airbnb ou location meublée de courte durée) et la location longue durée (classique, vide ou meublée sur 12 mois ou plus) sont les plus répandues. Les différences entre ces deux modèles sont essentielles à saisir afin de choisir l’option adaptée à ses objectifs patrimoniaux, fiscaux, et à son profil d’investisseur.

Location saisonnière : fonctionnement, cadre légal et spécificités

La location saisonnière consiste à louer un bien pour une courte période (nuitées, semaines, voire quelques mois), souvent à une population touristique ou professionnelle de passage. Ce modèle, porté depuis 2011 par des plateformes comme Airbnb, Booking ou Abritel, a bouleversé le marché immobilier dans de nombreuses villes françaises.

  • Durée : Quelques jours à quelques mois, rarement plus de 120 jours annuels pour une résidence principale à Paris et dans de nombreuses grandes villes (source : Service-public.fr).
  • Gestion : Besoin d’un turn-over rapide, d’un nettoyage régulier, accueil des voyageurs, gestion des réservations.
  • Législation : Déclaration obligatoire en mairie dans la plupart des communes touristiques. À Paris et dans plusieurs communes, la location saisonnière hors résidence principale peut nécessiter une autorisation et la « compensation » d’une surface équivalente en usage d’habitation (source : Ville de Paris).

Illustration chiffrée

En 2023, le revenu moyen généré par un logement entier à Paris sur Airbnb s’établissait autour de 3 000 € par mois en haute saison (Source : Airdna). Ce chiffre cache toutefois de fortes variations selon la localisation, la taille du bien et la période d’occupation.

Location longue durée : mode d’emploi, stabilité et réglementation

La location longue durée (LLD), meublée ou vide, repose sur un bail classique de 1 à 3 ans (meublé/vide, renouvelable), parfois plus long pour les locaux professionnels ou familiaux. Elle vise une clientèle résidentielle stable cherchant un logement pérenne.

  • Bail standard : 3 ans (vide), 1 an (meublé) pour une résidence principale.
  • Sécurité : Loyers réguliers, faible vacance locative, gestion moins chronophage.
  • Cadre légal : Encadrement strict par la loi (Loi Alur, Loi ELAN), plafonnement des loyers dans certaines villes (Paris, Lyon, Lille… Sources : Observatoire des loyers, Anil).

Zoom sur les chiffres

Selon LocService, le loyer moyen mensuel pour un studio à Lyon en 2024 s’élève à 620 € charges comprises, pour une occupation annuelle quasi continue. La rentabilité nette de la location longue durée en France oscille en moyenne entre 3,5 % et 5 % selon la ville (source : SeLoger, 2023), mais offre une grande stabilité.

La rentabilité : un enjeu central, des résultats très différents

Calculer la rentabilité : saisonnière vs longue durée

La location saisonnière est associée à des revenus potentiellement supérieurs au mètre carré, avec parfois deux à trois fois le loyer “classique” sur certaines périodes. Toutefois, ce modèle s’accompagne d’une vacance locative inévitable, de frais de gestion, de charges variables (ménage, consommables, frais de plateformes).

Type de location Loyer mensuel brut (moyenne) Vacance locative Charges / frais Rentabilité nette moyenne
Saisonnière (Paris) 3000 € 30 à 40 % (hors saison) 20 à 30 % (nettoyage, conciergerie, commission plateformes) 5% à 8% à Paris, parfois plus en zones très touristiques (source : meilleursagents)
Longue durée (Paris) 1150 € 5 % 10 % (gestion, assurance loyers impayés) 2 à 4 % (net de charges)

Exemple concret de rentabilité

  • Studio de 20 m² à Nice Centre :
    • Location saisonnière : Loyer de 100 € la nuit en été, taux de remplissage de 65 % sur l’année. Revenu annuel brut : environ 23 700 €. Après déduction des frais (25%), revenu net annuel : 17 775 €.
    • Location longue durée : Loyer de 650 € / mois, revenu brut annuel : 7 800 €. Gestion quasi automatique, faible vacance, peu de frais.

Ces chiffres illustrent le potentiel supérieur de la saisonnière… à condition d’y consacrer temps, énergie, et d’accepter les aléas du marché touristique.

Fiscalité : un critère de choix déterminant

Location meublée de courte durée (saisonnière) :

  • Statut « Loueur Meublé Non Professionnel » (LMNP) le plus fréquent.
  • Régime micro-BIC : abattement forfaitaire de 50 %, voire 71 % pour les « meublés de tourisme classés » (Sources : impots.gouv.fr).
  • Régime réel : amortissement du mobilier, déduction des charges réelles.
  • Forte attractivité fiscale pour les petits et moyens investisseurs.

Location longue durée :

  • Location vide : Imposition en revenus fonciers (abattement au micro-foncier de 30 %, ou régime réel).
  • Location meublée : Statut LMNP également, possible application du micro-BIC (abattement 50 %), ou régime réel simplifié.
  • Globalement, la fiscalité est moins avantageuse que celle d’un meublé saisonnier classé, surtout pour les petites surfaces.

Gestion et contraintes pratiques : investissement en temps et en énergie

La gestion quotidienne est le principal point de divergence. La saisonnière exige un effort constant : disponibilité, ménage, gestion des clés, entretien récurrent, calendrier à actualiser, interactions avec chaque nouvel occupant… Un modèle qui s’adresse aux investisseurs aimant l’opérationnel (ou ayant les moyens de déléguer cette charge à une conciergerie, ce qui impacte la rentabilité).

  • Tâches récurrentes en saisonnière :
    • Check-in/check-out plusieurs fois par semaine
    • État des lieux, gestion des cautions
    • Ménage, blanchisserie, approvisionnement en consommables
    • Réponse rapide aux demandes des voyageurs
    • Gestion des imprévus (annulations, litiges, réparations d’urgence)
  • Tâches en longue durée :
    • Entrée/sortie du locataire une à deux fois par an
    • Encaissement des loyers mensuels
    • Gestion ponctuelle des réparations ou questions administratives
    • Période de relocation espacée (tous les 1 à 3 ans en moyenne)

L’impact psychologique et humain

La saisonnière expose à une palette de profils, d’expériences sociales et parfois à des surprises, bonnes ou mauvaises. Certains propriétaires apprécient le contact, d’autres préfèrent la tranquillité d’une location “classique” où la gestion se fait à distance, avec peu d’intervention.

Risques et contraintes liés à chaque modèle

  • Saisonnière :
    • Fluctuation de la demande, dépendance à la saisonnalité et au contexte (crises sanitaires, économiques ou géopolitiques).
    • Risques de logement dégradé, de nuisances sonores, de plaintes du voisinage ou d’interdiction de la copropriété.
    • Évolution régulière du cadre légal et des restrictions (de plus en plus fréquentes dans les grandes métropoles touristiques : quotas à Paris, Marseille, Bordeaux… cf. Le Monde, 2023).
  • Longue durée :
    • Difficulté d’expulser un locataire défaillant (procédures longues et coûteuses).
    • Loyers réglementés, faible potentiel d’augmentation du loyer.
    • Entretien du bien étalé sur la durée, risque d’usure si suivi négligé.

À qui s’adresse chaque formule ?

  • Location saisonnière :
    • Investisseurs dynamiques, apprécient l’opérationnel et/ou la flexibilité.
    • Biens situés en zone touristique, centre-ville dynamique, mer, montagne.
    • Budget d’achat élevé justifié par un fort potentiel de valorisation.
    • Capacité à s’adapter rapidement à l’évolution de la réglementation locale.
  • Location longue durée :
    • Investisseurs recherchant une source de revenus stable et prévisible.
    • Biens situés en périphérie, dans le diffus, ou dans des villes à marchés locatifs tendus.
    • Patrimonialisation sur le long terme, transmission, recherche de simplicité.

Conseils pratiques pour faire le bon choix et optimiser sa stratégie

  • Étudiez précisément la réglementation locale : Certaines villes restreignent très sévèrement la saisonnière. Comparez les possibilités d’usage selon le PLU, les règlements de copropriété, et les arrêtés municipaux (Source : mairie, Anil).
  • Évaluez le taux d’occupation réaliste du bien : Renseignez-vous précisément auprès des offices de tourisme, d’agences ou sur les plateformes de données comme AirDNA, ou encore via les chiffres de l’Insee.
  • Basculez de stratégie si nécessaire : Un bien saisonnier sous-performant peut être remis sur le marché longue durée (et inversement), à condition de bien respecter les démarches administratives.
  • Simulez la rentabilité nette et la fiscalité : Intégrez tous les coûts cachés (conciergerie, assurances, impôts locaux spécifiques, CFE pour la saisonnière, frais d’entretien, coût de vacance locative…).
  • Protégez-vous : Assurance multirisques adaptée, assurance loyers impayés pour la longue durée, et sélection rigoureuse du profil locataire. En saisonnière, privilégiez les voyageurs ayant des avis positifs et réclamez un dépôt de garantie systématique.

Conclusion ouverte : adapter son modèle à l’évolution du marché

Le choix entre location saisonnière et location longue durée ne dépend pas seulement d’une question de rentabilité brute. Il s’agit d’un arbitrage entre niveau de risque, flexibilité, implication personnelle et sécurisation du patrimoine. Les tendances réglementaires, l’évolution des flux touristiques et la digitalisation transforment sans cesse le paysage locatif. Rester informé, flexible et ouvert à la diversification reste la meilleure stratégie pour pérenniser et dynamiser son investissement immobilier.

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